jeudi 10 juillet 2014

Bouquet de culottes


On entend beaucoup parler de harcèlement de rue en ce moment. Déjà, avoir trouvé un nom "harcèlement de rue", ça rend les choses très concrètes, surtout pour les hommes qui ne réalisent pas bien la réalité du truc... Et puis, les emmerdeurs entrent tout à coup dans une case qu'ils ne pensaient sans doute pas occuper un jour.


J'ai déjà partagé sur les réseaux sociaux différentes choses très utiles, je les remets ici parce que la répétition ça fait partie de la pédagogie. Ben oui. Faites tourner.

Le projet crocodiles parle des situations de harcèlement et donne aussi des solutions :
http://projetcrocodiles.tumblr.com/


Cette fille est tout simplement géniale :
http://diglee.com/stop-harcelement-de-rue/


Et puis aussi Morpheen, l'illustratrice principale du magazine Causette :
http://morpheen.canalblog.com/archives/2014/06/03/30000617.html


Tout cela est formidable. Il manque néanmoins des témoignage sur le harcèlement de rue quand tu es en vélo.
Mes copines cyclistes sauront de quoi je parle direct mais je vais quand même expliquer un peu comment ça se passe pour les autres.


Tu es en vélo, tu as une jupe, tu pédales et des mecs se penchent avec le regard graveleux pour voir... voir quoi ? Hein ?
Ben ta culotte !! Enfin, je suppose...
Et ça ne se passe pas qu'en été quand les filles sont sensées être court vêtues ou quoi. Ça se passe en gros DES QUE TU NE PORTES PAS DE PANTALON ! Les harceleurs de rue ne sont pas sensibles aux saisons.

Y a des filles qui ont un truc marrant pour être tranquilles et rassurées quand elles sont en vélo et en jupe :
http://www.huffingtonpost.com/2014/07/09/keep-your-skirt-down-on-bike-ride-free_n_5570419.html

OK les filles, vous êtes toutes mignonnes, c'est sympa.
Mais pourquoi serait-ce à nous, les bikeuses, de faire en sorte de ne pas attirer les regards ? Je ne vois pas bien l'idée là... Qui a un problème quand une fille fait du vélo en jupe exactement ? La fille ou le gars qui se tord le cou comme un con pour espérer apercevoir quoi ??? Une pauvre culotte ? Nan mais ho mec, t'en vois jamais des culottes ? Tu sais pas que tu peux en voir plein dans les magasins ou sur le catalogue de la Redoute ? Ou peut-être que tu appartiens à la police de la culotte et tu es payé pour vérifier si on en porte bien ??? Ou peut-être crois-tu que je vais trouver ça chouette et original comme technique d'approche ?

Mais sans dec, pour qui tu te prends mec ? Est-ce que moi je vérifie si tu as une boule qui sort quand tu portes des caleçons ?


Y a une chanteuse qui ne chantera pas sur les harceleurs de rue, je respecte et j'adore sa chanson :
http://www.dailymotion.com/video/x20nr1a_garance-jour-de-poisse_music

Mais moi, je vais être sympa et j'espère que ça va contenter les pauvres gars frustrés qui se tapent des torticolis... je leur offre un bouquet de mes culottes :

 

Voilà pour la générosité, y en a pour tous les goûts, toutes les couleurs, toutes les matières, c'est simple, ça coûte rien et maintenant tu fais plus chier les bikeuses en jupe (ou en short, c'est pareil). OK mec ?


Les filles, si ce magnifique bouquet ne calme pas les crétins frustrés, ce dont je doute, voici mes conseils et mes expériences face à ce genre de harcèlement...

D'abord, je ne pense jamais à m'habiller en fonction des emmerdeurs potentiels. Je fais du vélo en talons, en tongs, en mini-jupe, les cuisses en liberté et si on aperçoit ma culotte ou mes bourrelets ben franchement le monde ne s'écroulera pas. Le confort, l'envie, les besoins et la météo guident mes choix, je refuse de penser à l'éventuel connard que je vais croiser.

Ensuite,  sachez que j'ai la carrure d'un moineau donc, en situation de harcèlement, j'essaie d'évaluer très vite les dangers. Il faut être bien consciente de ce qu'on va pouvoir faire : est-ce que je peux jurer comme une charretière, trouver la remarque la plus castratrice ever (on nous cherche sur le terrain de la sexualité oui ou non ? Ce terrain nous appartient aussi et je vous jure que souvent c'est TRES facile de rabaisser un mec là-dessus), est-ce que je ferai mieux de fermer ma gueule et de filer en pensant que la prochaine fois on fera mieux (parfois vaut mieux...) ?


Quelques situations pratiques :

1. Tu es emmerdées par un piéton : tu lui demandes s'il ne voit donc JAMAIS de culotte pour se pencher à ce point, tu peux lui parler de son éventuelle testicule qui dépasse de son calebute puis TU PÉDALES PLUS VITE QUE JAMAIS. Le vélo a cet avantage de te faire avancer vite non ?
Reste vigilante face à la circulation, faudrait pas que tu te fasses renverser à cause de ce sinistre gueux. Mais j'ai confiance : on sait se dépasser pour se sauver et nos réflexes décuplent.
Ça m'est arrivée de m'arrêter carrément et de demander au gars ce qu'il voulait voir au juste - les yeux dans les yeux. La honte sur le gars, le bonheur sur moi.

2. Tu te fais emmerder par un mec en voiture : action-réaction (je suis pour l'insulte, perso) ensuite tu t'enfuis en pédalant direct sur un trottoir, vers un sens interdit. Héhéhé, c'est pas bien mais le conducteur ne pourra pas te suivre et c'est toujours mieux que de harceler une cycliste dans la rue.

3. Tu te fais insulter par toute une bande. Là, c'est plus chaud, je te renvoie aux 3 liens du début et je rajouterai ceci : TU HURLES. Le cri de film d'horreur, si tu arrives à le sortir, c'est quand même un truc génial pour attirer l'attention dans la rue, pour faire fuir les gars qui vont s'imaginer être arrêtés pour viol, pour leur mettre la honte... testé et approuvé in situ (carrure de moineau - soprano léger - mais crier m'a déjà sauvée).

La honte doit changer de camp. Qu'on se le dise.

lundi 7 avril 2014

Au Salon des Seniors, j'ai massé...

Des dames essentiellement.

Des dames à chapelets, très tradis, très comme il faut,
Des dames à la manucure folle et à l'allure rock'n roll
Des dames qui ne "mangent jamais chez elles"
Des dames qui n'ont jamais pris le temps de prendre du temps pour elles
Des dames qui avaient mal, mal partout
Des dames qui n'osaient pas, ne savaient pas
Des dames qui se chamaillaient leur place dans la queue
Des dames bavardes comme tout

Et un monsieur qui tentaient, avec humour, de draguer ces dames.

On trouve de tout au Salon des Seniors.

mercredi 12 mars 2014

Pourquoi j'écris pour les enfants (et pourquoi il faut publier mes manuscrits)


En ce moment, mon activité principale consiste à bombarder les maisons d'édition de mes manuscrits.
Et à recevoir des réponses négatives de différents types :



 1. Type blabla mais on est sympa :

"Bonjour,

Nous avons bien reçu votre projet, et nous vous remercions de la confiance que vous accordez aux éditions Xxxxxxxx.
Nous l'étudierons avec attention et dans les plus brefs délais. Cependant, en raison du nombre important de manuscrits qui nous sont envoyés, nous ne sommes pas en mesure de répondre à tous.
En l’absence de nouvelles de notre part à compter de trois mois après réception de ce courrier, nous vous prions de considérer que votre projet n’a pas été retenu.

En vous remerciant de votre compréhension, veuillez agréer l’expression de nos sentiments les meilleurs,

Chloé Xxxxx pour le service manuscrits
"


2. Type soulé et tu aurais pu faire gaffe s'pèce de feignasse :

"Bonjour et merci pour votre confiance. Malheureusement, comme stipulé sur notre site :
http://editions....
nous n'étudions pas de nouveaux projets actuellement.

En vous souhaitant bonne chance dans votre recherche d'éditeur,

bien cordialement,

JL xxxxxxx
"



3. Type plus basique tu meurs :



"Bonjour,

C'est avec le plus grand intérêt que nous avons pris connaissance de votre manuscrit et nous vous remercions de la confiance que vous manifestez à l'égard des Éditions XXXXXX.

Malheureusement, votre projet ne correspond pas à notre stratégie éditoriale.

Bien cordialement,"






Mais à quoi peut bien correspondre ta stratégie éditoriale mec ? Il y a des maisons d'édition pour lesquelles, c'est très clair : c'est du catho, c'est de la philo, c'est de l'environnement... mais pour les autres, mouhahahahahaha mais lisez-vous les uns les autres mes frères et mes soeurs : c'est tout pareil ! "Ouverture, humour, lecture, découverte..."



Bref, là n'est pas le propos. Se faire refuser ses manuscrits, c'est le jeu, recevoir une réponse bateau en fait partie aussi. Non non non, je ne suis pas aigrie mais tellement têtue. Et puis, j'ai reçu également des réponses personnalisées et encourageantes.



Alors, pourquoi m'acharnè-je ?
Parce que j'aime ça. J'aime écrire pour les marmots, j'aime tester sur mon entourage enfantin, j'aime imaginer leurs réactions, quand j'écris. Le fait que je sois comédienne n'est sans doute pas étranger à tout cela.
Parce qu'on s'amuse. Quand j'écris, quand les enfants écoutent / lisent.
Parce qu'on imagine. Mes idées de départ viennent souvent d'un délire avec les enfants que j'ai à proximité plus ou moins proche. Un mot, une idée, un titre et hop la machine s'emballe.
Parce qu'on est libres.
Parce que c'est tellement chouette de faire des enfants le héros de l'aventure quand tu vois à quel point le lecteur s'identifie. Gratifiant.
Parce que c'est chouette aussi d'y mettre différents degrés, du second bien sûr, une légère ironie...
Parce que c'est du partage avec des adultes quand ils lisent pour l'enfant et que j'espère qu'ils s'y retrouvent peut-être aussi.
Parce que c'est riche : mélanger simplicité et vocabulaire châtié, c'est ma came.
Parce que quand on commence, on ne veut plus arrêter.
Parce que le numérique permet d'ajouter une dimension qui peut être riche si elle est bien exploitée.



Je ne vois pas du tout ces écrits comme une sorte de "tremplin pour de vrais romans", au contraire ! La littérature enfantine existe bel et bien, pour elle-même, c'est un monde vaste et protéiforme, bien plus vaste que n'importe quel autre domaine littéraire. Enfin il me semble. Et j'admire les auteurs qui passent d'un monde à l'autre avec classe et brio (Christophe Honoré, Agnès Desarthe, Geneviève Brisac...).

Tout ça pour dire que diffuser ses projets est ingrat et fastidieux mais le travail en amont est passionnant. J'ai de la route à faire encore, des expériences à tenter, en toute modestie car je suis encore une jeune biche effarouchée. Ça n'est pas parce qu'on aime tricoter dans son salon qu'on vend ses petites mailles pour Sonia Rykiel me direz-vous... Néanmoins, ma grand-mère, elle, c'est ce qu'elle faisait. CQFD.

Donc je résiste. Donc je persiste.

J'écris donc je kiffe.

Bien à toi cher journal,